Troh s’acharnait, comme si ses péchés dussent être expiés par Al. Fort heureusement, il ne se trouva pas de seconde guerre mondiale où une honte personnelle d’un père reconvertie en harcèlement aveugle se transformât la génération suivante en dévouement inconditionnel d’un fils à une cause expiatoire supérieure pour le bien contre le mal et engendrât une haine s’achevant dans une extermination générale. Était-ce le hasard des évènements ou celui des gènes, ou les deux à la fois ? Toujours est-il qu’Al ne sombrerait pas dans l’exécution méthodique d’un plan rédempteur grâce aux chambres à gaz, même si une force de destruction de même intensité que celle de Rudolph Höss, commandant d’Auschwitz, l’habitait, quoique, à vrai dire, il était encore trop tôt pour le savoir.
En attendant, Troh vomissait une haine obsessionnelle sur Al, mais aussi sur les Juifs. Des propos orduriers contre une juiverie internationale sans aucun lien avec les corps décharnés déversés par la télé, résonnaient dans l’appartement.